La gare Maritime Transatlantique

Rares sont les lieux chargés d’autant d’humanité, de voyages et d’espoirs que cette Gare Maritime de Cherbourg.

Pendant des décennies, des millions de femmes et d’hommes y ont transité, accrochés à leur rêve d’un monde meilleur. Cette gare, c’est d’abord un concentré de toutes ces tranches de vies. Et on ressent immanquablement, en entrant ici, cette énergie tellement singulière.

Dès son inauguration en 1933, la presse du monde entier affuble d’ailleurs l’édifice de tous les superlatifs. Conçue par l’architecte René Levavasseur, son style Art Déco si remarquable lui vaut même d’être saluée comme la plus belle gare maritime du monde ! Mais au-delà du phénomène esthétique, il faut surtout imaginer le grouillement incessant qui se joue ici à l’heure des départs et des arrivées. Il arrivait parfois simultanément jusqu’à quatre trains en provenance de Paris, tandis qu’à quai, deux immenses Transatlantiques embarquaient ces milliers de passagers pour les Amériques.

Hélas en partie détruite par les Allemands en 1944, la gare fut tout de même utilisée par les Alliés pour débarquer hommes et matériels, après la libération de la ville. Et puis la vie a repris ses droits: après guerre, les venues successives du Queen Mary et du Queen Elizabeth ont très vite ravivé les grandes heures de l’épopée transatlantique avant de laisser la place, jusqu’à aujourd’hui encore, à d’autres escales plus modernes mais tout aussi prestigieuses.

Mais les rêves ne s’arrêtent encore pas là ! Classée monument historique en 1989, cette Gare Maritime abrite aujourd’hui La Cité de la Mer qui présente un ancien sous-marin nucléaire, Le Redoutable, le premier au monde accessible au public !

Le Redoutable Cherbourg

Le mariage de la gare et du sous marin

Petit flash-back dans les années 1980. La gare maritime, ses immenses halls, sa salle des bagages d’un autre temps, un ensemble Art-déco exceptionnel, sont menacés d’être rasés, purement et simplement. Dans le même temps, le Redoutable redoute son futur. Construit à l’arsenal de Cherbourg, le premier sous-marin nucléaire lanceur d’engins vit, lui aussi, dans l’angoisse de la casse.

L’idée d’associer les deux fleurit un beau matin. Le mariage de la carpe et du lapin, cette affaire-là ? Dans leur shaker secret, les Cherbourgeois réussissent à secouer le tout, bien fermement. Et, coup de génie, ils marient la gare et le sous-marin. Après bien des vicissitudes, ressuscite ce lieu où se sont croisées tant de destinées. Quant au Redoutable, sa nouvelle vie démarre à terre. Un miracle que cette union réussie entre un patrimoine abandonné et un sous-marin désarmé.

La Cité de la Mer a bellement gagné son pari. Les visiteurs s’y pressent nombreux en famille pour plonger dans un autre monde. La découverte des profondeurs océanes vient de s’enrichir, au printemps, d’un nouveau parcours : « l’océan du futur, hommage à la planète bleue ». Dix-huit espaces interactifs, autant d’aquariums, pour une plongée vers les abysses. L’ambition est simple : vous donner des clés afin de mieux appréhender les mystères de l’océan, là où est née la vie il y a trois milliards d’années. « Nous travaillons sur l’océan au service des hommes. En 2050, avec neuf milliards d’habitants sur terre, les ressources ne seront pas suffisantes. Le salut vient de l’océan » raconte Bernard Cauvin, PDG de La Cité de la Mer. Des expositions et des films s’ajoutent au nouveau parcours : La Liberté et la mer, 20 jours pour Cherbourg, La Normandie créa la mer.